(France, 2010). 55 mn. Inédit.
Un beau film mélancolique , sur les traces d'un passé enfoui.La force du souvenir, alliée à un sens aigu de l'image.
Etrange objet que ce documentaire toujours au bord de la fiction, à la fois extrêmement personnel, autobiographique - le réalisateur, Abdallah Badis, s'y met lui-même en scène, un peu à la façon du réalisateur palestinien Elia Suleiman - et ouvert sur les autres, cherchant à raconter à travers un destin individuel une histoire collective, celle de l'immigration algérienne en France.
Au gré de va-et-vient incessants entre passé et présent, l'enfance et la jeunesse de l'auteur, aujourd'hui quinquagénaire, ressurgissent en mots et en images, fragments que relie la musique du jazzman Archie Shepp. Au centre, le rapport au père, manoeuvre dans une aciérie en Lorraine, que sa famille vient rejoindre dans les années 1950.
A la beauté dépouillée des phrases de Badis - que ce comédien de formation dit lui-même - répond un sens remarquable du cadre et des lieux, cité HLM ou vestiges industriels de Moyeuvre-Grande et Homécourt envahis par la végétation. Autour d'objets chargés de mémoire (une antique Peugeot 404 qu'on essaie de réparer, un disque de musique orientale, des photos...) s'échangent des expériences communes dans un français mêlé d'arabe. « L'Algérie, c'est mon pays, même si je m'en suis éloigné », dit un vieil homme qui voudrait retourner mourir au bled. Si le ton est grave, mélancolique, il se dégage d'Une vie française une douceur et une chaleur humaine à mille lieues d'un certain débat oiseux sur l'identité nationale.
Vincent Arquillière.
Télérama, Samedi 27 février 2010
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