Abdallah Badis

Comédien - Metteur en scène - Cinéaste

lundi 4 juin 2007

Politique

D’où vient que les prisons sont pleines d’Arabes et de noirs ? Parce qu’ils font partie des classes pauvres bien sûr. On devrait dire: font « encore » partie. Combien de générations faut-il pour en sortir des classes pauvres… et dangereuses? Même de la troisième génération et plus, interdits de centre ville, ils sont parqués dans un environnement qui nourrit l’envie de hurler et de s’overdoser de toutes les saloperies possibles. Et l’usine qui réunissait, Y a plus ! Qui les voit vraiment ces Arabes, ces noirs, qui les voit comme ils sont. C’est vrai, quelqu'un a évoqué le bruit et l’odeur !?!?
Bien sûr des fils d’arabes déconnent ; des garçons surtout déconnent à mort. Déconnent et meurent. Ouvrez le journal. Lisez !  Des cousins, tous. Comme des fils.
Les filles : Catherine, Leila, Chloé, Jamila, ça a fait émulsion, on ne fait plus vraiment la différence. Enfin… presque plus. Il traîne secrètement dans la République un reste du rêve orientaliste du Harem. Aux vaincus, aux dominés on prend les femmes butin, et pas seulement pour décorer les pages mode, pour les dévoiler et les marier, mais pour nourrir le trottoir aussi. Arpentez certaines rues près des gares. Congolaises, marocaines, Ghanéennes, asiatiques, Toutes les anciennes colonies sont représentées et aujourd'hui les filles de l'est.
Les filles mariées mixte, ratage, ratage, gâchis. Alors annonce sur internet, elle reviennent vers les cousins : Malika cherche son Mohamed ou plutôt son Ryan. Mohamed même pour les Arabesses khoroto, ça pourrait fait trop péquenaud bougnoule; au fait bougnoule ça ne viendrait pas de bougnat l’auvergnat tout noir qui ramone ou vend le charbon ? Non ça vient du Wolof et ça veut dire nègre.
Combien de ces femmes entre trente et quarante ans, après un, deux, trois essais de couple mixte se retrouvent soudain ravagées intérieurement, perdues. Fatalité de la naissance. La fatalité de la naissance, portée comme le mauvais oeil ! Perdues et mûres pour être alpaguées par la première secte venue, elles s’accrocheront aux antidépresseurs ou alors héroïnisée, elles rejoindront le rayon viande à sexe, comme du temps des bêtes de somme, les bics, les gris, les ratons, les sidis, les crouilles, les blédards célibataires qui encaissent sans rien dire. Du temps des cafés hôtels où on monte, les rades à putes à deux balles. « Opéra de quat’ sous » version « paravents ».
Ca commence par un boulot de serveuse : les cheveux blondissent, Kheira devient Sonia, Fatima, Sandrine et roulez fortune.


Les garçons, eux les garçons, quoi foutre des garçons s’ils vous renvoient la brouette et le pic à la gueule ? Ailleurs qu’à la cave, Abderrahmane et Philippe, y’a pas photo, l’émulsion ne prend pas, surtout en période de hantise du sarrrrrrrazin musulman violent fanatique violeur.
Pour les garçons, c’est du tout cuit, même bac + x : « Monsieur Abderrahmane, la Mission locale vous attend pour un entretien, vous serez reçu par Samira. Entre éclopés, on s’occupe mieux les uns des autres . Si c’est Ramadan, Samira vous proposera un horaire de rendez-vous qui vous conviendra. Ça l’arrangera, elle aussi, elle…enfin ….vous voyez… elle aussi….mais elle ne porte pas de foulard, elle au moins.

Il y a un peu le bordel dans la république. Y traîne une odeur de sang.
La France, un trou de verdure…et Lui, l'autre, retrouvé au pied du commissariat… Il a …un trou au côté droit.

Le monde change. Modernité molle, chloroforme, violence épouvantable aux allures de marshmallow, nous mène droit à la boucherie, allons y gaiement surtout, c’est la fête ! Allons les pauvres, faites pas la gueule! Grattez et vous gagnerez le million. Votre pauvre vie reverdira : les Seychelles, les grandes et belles Ukrainiennes, le yacht, la grande vie. Table rase sur le passé ! Dégage tout ce qui gêne, te casse pas le cul ! Mise, parie, gratte ton tacotac, on va vers la préhistoire et la sauvagerie, mais c’est excitant, vu de là où tu seras.
Mise, parie, n’aie pas peur! Ton petit paradis aura un mur d’enceinte de sept mètres de haut. La sécurité, on s'en occupe. Allez champion, fait le grand huit sur les montagnes russes, c’est grisant !

La peur de son ombre a de l’avenir. Les aveugles et sourds pullulent, le futur rutile, c’est joyeux. Entendez vous dans nos campagnes… Les loups ! Hoouh ! bouhhhh, l’immigration est partout !!!!! …Qu’un sang impur… Arabe, nègre, manouches. On est envahis, on n'est plus chez nous.
Que fait la poli…..tique ? La droite joue le chaud froid, caresse et bâton. Regarde la main affectueuse de Villepin sur la tête du gône Azzouz. Tu décores. Tu te tiens à carreau ou hôpital psy prison. Mes couilles ou dégage ! La gauche. !?!? Où ça, la gauche ? C’est quoi, la gauche ? C’est bien pensant ça lui suffit. Social—liste. Et puis la laïcité quoi merde !
Indifférente et pleurnicharde ! La gauche est partie à la pêche à la ligne.
Et Rosa Luxembourg n’est plus de ce monde.

Mais au fond, d’où vient que les prisons sont pleines d’Arabes et que les résidents jeunes de ces autres Sonacotra que sont La Santé, Fresnes, Charles III, Clairvaux, soient si perméables aux délires  du premier illuminé venu.
Tous les titis arabes habitent la France, mais dans la cave. Ils sont français mais dans la merde. Contrôlés, bousculés, Insultés. Massacrés dans les commissariats, tirés comme des lapins dès qu’ils approchent une voiture.
Les p’tits gars sont français et veulent réhabiter la maison du Grand Muet, le père. Légitime non ! Reconstruire la maison et la garder dans leur jardin français. Pourquoi pas, où est le danger ? Mais la maison du père est en ruine. Il ne leur a rien transmis. Une expérience de bête, comment ça peut se transmettre ? La maison, ils n’en ont aucune clé. Guidés par des aveugles, Ils rentrent par un trou dans le toit, et la maison prend l’eau, ils dorment sur la table, mangent dans la baignoire, font des prières sur le lit. Ils saignent et pour ne pas mendier, ne pas pleurer, ils élèvent un mur entre eux et les autres. Ça les arrache à la dope, la fidèle frangine mortelle, c’est déjà ça. Mais ils ne savent pas habiter la maison, elle devient vite ruine, on les guette . Leur maison est un château de cartes branlant qui peut s’écrouler sur eux et dans ce cas, on a prévu, spécialement pour eux, Guantanamo. Plus sophistiqué que Fresnes n’est-il pas ? Chirurgical mon cher Watson !
Ils croient avoir trouvé la maison, mais ils n’en ont pas la clé. Cette clé, ne serait-elle pas dans la bouche du père vivant et disparu en même temps et dont le fantôme rode dans les ruines de l’usine ? On a fondu et recyclé les tas de ferrailles, on a démonté et expédié des usines entières en Bulgarie, en Chine. On a recouvert les sites usiniers de pelouses et de parcs morts. On a tué le travail qui unit. Loisir aujourd’hui, loisir ! Par ici. 1 jeton un euro, dix euros les vingt.
Et le grand muet? Le vieux ‘Arbi, le père, est avec d’anciens du foyer. Ils ont reconstitué la chambrée de célibataires, dans le local première cave à gauche du bâtiment Cité Radieuse. Ecoutez le choc des pièces de plastique sur le formica. Les pères, qui n’ont jamais voulu faire de vagues, jouent aux dominos. Ils veulent que tous les corps soient enterrés au bled.
Depuis le temps de mon enfance, bien des choses ont bougé, en bien pour moi, en rien ou c’est pire encore pour beaucoup d’autres fils qui sont mes cousins.
Mes parents sont au bled. Ils sont en paix. D’autres vieux sont là et traînent leur malheur jusqu’au foyer d’isolés. Une sordide salle d’attente avant le caisson plombé et la Joliette à Marseille pour une dernière traversée. Les gamins enragés font flamber les prisons. D’autres, les meilleurs de la classe ou au foot, occupent la scène. Les vrais beur-rançais mangent même ostensiblement du porc. On n’est plus des sauvages ! modèles d’intégration ! … et Zizou offre son maillot du Réal à Sarkozy.
La voix du frère dévoré le laissera-t-elle dormir tranquille ?

J'écris noir et blanc de rage et en douceur.
Pour le beau neveu, le turbulent, le délinquant qui se rêvait chanteur et qu’on a ramassé crevé au pied d’un immeuble. Overdose. Pour Belkacem qui rêvait de montrer sa belle 404 au bled et qu’une poche de fonte a dissous, pour ma mère et mon père sous leurs pierres que 1500 Kms séparent de moi.
Et aussi pour ces vieux oncles ouvriers qui circulent, qui à pied, qui à bicyclette et cherchent des yeux leur usine. Perdu le bled, perdue l’usine !

écrit en résidence à Lussas 2006
http://www.lussasdoc.com/masteredd.html

mardi 15 mai 2007

Échange de notes avec Claire la chef opératrice.

à propos de ma place dans le film/cadre : « circulant parmi les miens », donner à chaque personnage la même importance (un parmi les autres)

chacun est porteur d'une histoire et pourrait devenir le premier rôle. c'est important qu'on (le spectateur) puisse sentir que le film bien sûr tisse sa trame mais qu'il y a là mille histoires possibles. J'aimerais qu'à travers l'image, le son... on puisse trouver une AUTRE MANIERE DE RACONTER. Dérouler une histoire sans héros et avec mille héros possible, je crois que c'est le seul pari intéressant quand on veut mettre à l'écran des " gens de peu "et qu'ils soient dignement "représentés". C’est le pari essentiel qui fait que ce film vaut d'être fait, que ce n'est pas un "film de plus".

repérable (faut-il que pour certaines séquences qui se suivent j’ai le même vêtement ou non ?)

cette question du vêtement, je me la suis posée en effet. j'aurai un vêtement, ou un élément vestimentaire qui courra le long du film. Délicat parce qu'il faut qu'il soit visible, reconnaissable, mais aussi qu'il se fonde dans le milieu.
j'ai l'image de la pintade, animal domestiqué, mais qui a besoin de nicher dans une haie sauvage. a-t-elle des taches noires sur fond blanc ou des taches blanches sur fond noir, impossible de le dire.
Je n’aimerais pas avoir une caméra, être le filmeur qui est filmé, chose rebattue et inintéressante. Par contre, entendre des voix, être vu à l’image (de ci de là dans le cours du film) les cherchant, chercher du son dans l’air ambiant avec un mini disc (ou…), un micro et un casque est peut–être plus intéressant et moins illustratif.

- « le film aura retrouvé ses couleurs »… laisser exister pleinement les couleurs… lumière chaude du matin et du soir (chaleur qui accentue les couleurs)… le soleil rougeoyant // feu de la fonte

Le printemps est une saison où la couleur éclate…. un aveugle qui retrouve la vue… ça peut parfois faire mal aux yeux. ..De même pour le son, le silence, un silence habité peut être troublant.


- faire sur certaines séquences des plans dans la longueur… temps suspendu

Réduit à être informatif, le film perdrait tout intérêt. J'ai mis du temps à convaincre la production sur la nécessité de la durée. (toutes les prod sont soumises à la pression des diffuseurs au point de , c'est à se demander, devancer leur désir de formatage...)
Je n'ai aucune envie d'être efficace. Bouleversant, oui. En filigrane tout le long du film, tout documentaire qu’il soit (c'est quoi un documentaire !?!? un tiroir au CNC, aux télés...), poème plus qu'information. La violence douce du "dormeur du val" de Rimbaud. Ne pas oublier la violence, ce n’est pas orientaliste, pas du Pierre Loti, pas du typical maghribi
donc faire durer certaines choses, suspendre, fait partie de la cuisine qu'on doit faire (le plus possible dès le tournage).


- travail ombre/lumière

la pintade

- multiplier les visages (comme des portraits)… tous les âges (gamins…)

intrusion dans le film de vrais portraits vivants (peut -être en Noir et blanc) des personnes calmes regard caméra, comme si dans ma tête(dans ta tête), se faisait un "cling!" As-tu vu les portraits de Marc Garanger: "la guerre d'Algérie vue par un appelé du contingent" au Seuil

- « ces petits riens qui font qu’en eux je reconnais mes parents »… même si c’est sûrement plus pour la partie française… cela vaut peut-être la peine de préciser

Je sais reconnaître un arabe entre mille personne à sa manière d'être, de s'asseoir, d'attendre le bus, de tenir ses mains le long du corps ou d'en porter une à son menton ou au visage comme pour se masser la joue, mais comment l'expliquer? je ne parle pas des jeunes, rappeurs ... qui ont cultivé un vocabulaire corporel particulier à la bande dont ils font partie.
Comment, sinon qu'il y a un rapport à l'espace, à l'intime, à son propre corps qui est autre. C'est pour cela que des personnes peuvent bourrer un autobus, elles ne sentent pas pour autant leur espace privé violé. L'intime n'a pas une enveloppe protectrice spatiale. ( la distance de sécurité comme en éthologie) Prenons une salle d'attente de gare avec une seule personne qui y est assise. Une deuxième personne y arrive; si tu es dans le monde anglo saxon (modèle occidental) elle s'assoira en face de celle déjà installée; les deux se partageront l'espace de la gare moitié l'un, moitié l'autre. Si tu es en Algérie par exemple, la deuxième personne s'assoira près de la première, parfois même jusqu'à faire touche- touche. Et ça n'empêchera aucun des deux de poursuivre ou laisser aller ses rêveries. Des différences culturelles presque invisibles mais qui sont fondamentales. On imagine la maladresse des soldats américains en Irak, afghanistan...(dévoreurs d'espace de sécurité): « Si quelqu'un m'approche de trop près, c'est qu'il me veut du mal... »
Pendant nos quelques jours de préparation ensemble en Algérie, quand l'occasion se présentera, quand on les aura sous les yeux, je te les indiquerai ces petites choses quasi invisibles mais tellement là.

- sensation/émotion

je compte fortement sur l'image et le son pour la rendre et la faire naître. Moi à l'image, je ne serai qu'un modeste Keaton.
pendant la célébration au cimetière, je crois que ce serait bien qu'on me perde un bon moment pour me retrouver tout à coup ailleurs ( dans la pénombre du marabout par exemple) puis me perde à nouveau et me retrouve encore ailleurs.

- la route, la voiture

tu auras compris je pense que ce qui est dans le scénario est une ligne, un dessin et que pour être dispo à l'imprévu qui est fortement souhaité, programmé même comme les boucles aléatoires dans les partitions de musique contemporaine, dès maintenant je m'assure de ne pas être crispé à ce que j'ai écrit. Le début en Algérie (ce n'est que le montage qui le posera comme un début), je l'imagine comme ceci aujourd’hui et maintenant:

-un gamin marche le long d'un mur (durée, travelling qui le suit (en bagnole)) le mur c'est l'enceinte d'un cimetière. le gamin y pénètre. Il s'oriente à travers les tombes jusqu'à arriver au pied d'une d'entre elles près de laquelle a poussé naturellement un arbre. À cet arbre sont suspendus des morceaux de tissus de toutes couleurs. Le gamin se recueille, puis il accroche à une branche son offrande un petit bout de tissu également.( le strict nécessaire comme nombre de plans)

Plan fixe
-la route, le paysage (comme photo jointe)

-puis comme si je quittais la caméra j'entre dans l'image et j'emprunte cette route, le gamin déjà vu est avec moi; nous disparaissons sur la gauche de l'image derrière la butte

-la route le paysage, on entend le gamin gazouiller, rire...
une 404 entre dans le champ (on ne l'a pas entendue venir) elle disparaît derrière la butte
on l'entend qui s'éloigne pendant qu'on nous voit, le gamin et moi déjà apparaître sur la route au fond de l'image; on est loin, on est tout petits dans l'image (ellipse "magique")
et la 404 nous dépasse jusqu'à sortir du champ en haut à droite de l'image.
on la voit revenir en marche arrière et s'arrêter à notre niveau. Le conducteur sort du véhicule des paroles semblent s'échanger là-bas très loin puis nous embarquons dans la voiture elle s'éloigne et sort du champ.

- le travail
- la terre
- rituel, cérémonie, geste

observer simplement par exemple comment le geste d'enlever ses chaussures pour entrer dans un intérieur est ritualisé.
les gestes en rapport avec l'eau
quelqu'un qui boit dans sa main
les rapports à la nourriture, le geste de se nourrir, de palper les fruits, les céréales...
un homme qui marche le long de la route portant sur ses épaules un mouton vivant (la toison d'or)
la liberté des petits enfants dans l'espace et dans le rapport aux adultes ( toute la méditerranée est là),
même si un vieil homme assis sur le sol les gronde et les menace (de manière amusée) de sa canne.
les vieux plongé en eux-même, comme en méditation….ils pensent sans angoisse à la mort. Et c’est enviable.

mercredi 2 mai 2007

l'ami algérien

Salut,
Cette histoire, probablement inspirée
de faits et événements vécus, me touche pour plusieurs raisons dont:
1. j'ai participé en tant qu' étudiant à Nancy à des actions
d'alphabétisation puis de mobilisation pour notre combat puis
d'assistance aux prisonniers libérés après le cessez le feu.
à ce titre j'ai cotoyé, et souvent partagé leurs diffficultés de toute
sorte, nos compatriotes émigrés et manoeuvres dans la
sidérurgie,déclinante, lorraine.j'en garde des souvenirs émus car ils
étaient en général empreints d'une très grande dignité voire de
fierté et de noblesse;
2. Quelques 5 à 6 années plus tard j'y suis retourné (Metz,
Thionville, Uckange,Hayange,Hagondange , Longwy,Longuyon et j'en
passe) pour ...recruter! en effet nous étions en train de jeter les
bases de la siderurgie algérienne et j'étais chargé du projet
laminoirs ;Grandes retrouvailles, grand enthousiasme,grand accueil
réciproque....mais déchantement rapide tant l'écart des mentalités,des
conditions de travail et de vie, s'était creusé, j'en garde un
souvenir poignant: échec dans notre entreprise de recrutement( moins
de 5% des travailleurs sélectionnés et recrutés sont restés après 3 à
6 mois) et désillusion sur notre capacité à réintégrer nos émigrés;
D'autres considérations sociopolitiques m'ont habité et m'habitent
toujours quant au sort fait à nos ainés tant par l' administration
décidément ton résumé (et donc ton film) réveille en moi de tristes
sentiments. mais c'est opportun et utile de raconter cette histoire.
bravo.
amicalement.
Omar;
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Cher Omar,

Je viens de relire ton message que j'ai trouvé très humain, émouvant et soudain je me prends à rêver.
Ce que tu dis a tout à fait sa place dans mon film et pourrait être recueilli dans une petite séquence de rencontre ( mon film tient plus du road movie, que d'une enfilade d'interviews).
Ces rencontres , la vie les offre, la preuve: on se parle alors qu'on se
connaît à peine par personne interposée et soudain d'Algérie tu me parles d'Hagondange, mon père y a travaillé et j'y ai grandi. Preuve que
la vie est plus forte que la fiction.
De plus c'est un regard singulier que tu amènes, une sorte d'autre côté
du miroir qui me semble soudain discrètement passionnante et ne peut
qu'enrichir le film. D'autant qu'en filigrane, dans mon film, tout du
long il y est question d'un frère plus âgé qui après avoir fait partie
du FLN clandestin en France a rejoint l'Algérie indépendante en 1963.
Donc avant toute chose, es-tu en Algérie fin mai , tout début Juin?
à +
abdallah
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Cher Abdallah
la fête du 1er mai n'est plus qu'un souvenir...plus aucun enthousiasme et encore moins de fraternité...drôle d'impression; Pour revenir à ta question:
je suis de retour à Alger,sauf imprévu, le 1er juin.
Amicalement.
Omar;

mardi 1 mai 2007

Parole de conteur

Le coq voudrait bien voler jusqu'au septième ciel. Ce ne sont pas les ailes qui lui manquent; c'est que le ciel ne veux pas le voir.
Parce que la vie, ce sont les paraboles qui la font passer.

mardi 20 mars 2007

Peut-on donner un nom à consonance algérienne à un collège?

qu’est-ce qui justifie le fait de donner le nom d’Abdelmalek Sayad à un équipement culturel dédié à l’immigration ? N’est-ce pas une façon réitérée d’assigner identitairement et de confiner l’immigration, post-coloniale et algérienne en l’occurrence, dans cet espace ? Pourquoi à l’inverse a-t-on empêché qu’un collège des Hauts-de-Seine porte le nom du co-auteur du « Nanterre algérien » (1995) et de l’égal de Pierre Bourdieu ? Selon certains élus du département cela aurait été « porteur d’une trop forte connotation identitaire qui risquait d’enfermer ce collège dans une image communautariste » ! Et comme l’avait assené la vice-présidente du Conseil Général pour s’opposer à ce que le collège, aujourd’hui appelé « République », porte ce nom en dépit de la mobilisation associative - « il faut choisir des noms qui ne prêtent pas à la polémique » (sic) ! Ce qui veut dire : « pas de nom à consonance algérienne pour un équipement d’enseignement ».(lire la suite)

lundi 12 mars 2007

Blues et Ghorba

Algérien, anagramme de galériens.

"C'est ainsi que la France nous pénètre tous jusqu'aux os.
C'est de la folie, c'est comme de boire ou de jouer, c'est un petit ver qui creuse en nous des galeries comme à la mine.
Quand je pense maintenant à tout ce que j'ai couru,
à tout ce que j'ai attendu, à tous les voyages que j'ai faits,
à tout le monde supplié, il faut vraiment être enragé!
Tout cela rien que pour pouvoir arriver en France.
Moi qui croyais que la France ce n'était pas l'exil!
Ils ont beau plaisanter, quand ils reviennent au pays, sur la terre natale qui leur est devenue la terre étrangère,
l'exil c'est toujours l'exil.
Quand ils sont pris dans l’obscurité, ils disent bien: le pays m'est devenu l'exil. El ghorba,
Au fond, on ne les croit pas..."

(in "La double absence", Abdelmalek Sayad, ed du Seuil)

dimanche 11 mars 2007

Guerre d'Algérie et émigration des familles.

La guerre d’Algérie va précipiter l’émigration des familles des travailleurs isolés en France. Face aux dangers de la situation, de nombreuses familles font le choix d’envoyer les femmes et les enfants retrouver leurs maris et leurs pères. Du jour au lendemain, des travailleurs algériens isolés qui ne rentraient en Algérie que un ou deux mois par an, se retrouvent, en France, avec femme et enfants. Beaucoup découvrent ainsi leurs rôles de chef de famille (lire la suite).

vendredi 2 février 2007

Entre feux

L'Algérie:

"Les hommes fusillés tirent la terre à eux
et bientôt les vivants n'auront plus où dormir." Kateb Yacine

La France:

Ici
Déjà venu d'ailleurs
Déjà passé par les blessures
Du temps
Déjà en mouvement

Ici
Pour le non lieu
D'après la griserie des origines
Les ferveurs de l'identité
La fièvre de l'appartenance

Ici
Comme départ volé
Etape brûlée
Infini effacé
Hors la loi du retour
Hors la loi tout court.


alors, l'enfant qui tient un lézard niché dans sa main demande à l'homme:
"Et toi, quand tu seras mort, tu
voudrais être enterré où?"
Le lézard est calme, il a le ventre rouge.

l'homme répond : " Je ne sais pas."