Abdallah Badis

Comédien - Metteur en scène - Cinéaste

samedi 8 décembre 2012

LE FILS ETRANGER


Notes de réalisation
Le film sera en couleur et en 1/85. Nous le tournerons en HDCam. Je souhaiterais être accompagné dans cette aventure par Claire Mathon, la même chef opératrice qui a fait l’image de mon précédent film Le Chemin Noir, et ceci pour son savoir-faire technique, sa sensibilité artistique mais aussi pour ses qualités humaines qui sont précieuses en tournage ouvert avec des acteurs non professionnels.
Hors le port d’Oran, toutes les images seront tournées dans le territoire des M’Sirda où je suis né, à l’extrême Nord-ouest de l’Algérie.
À l’image, j’interpréterai Omar. Le cimetière final où nous tournerons est celui où sont enterrés mes grands-parents et tous ceux dont je viens. La sœur de Omar sera ma vraie sœur, son père, le mien et les autres personnages à une exception près seront de vraies personnes.
En situation de tournage du Fils étranger, je guetterai ce qui est fragile, je l’espérerai et pour cela, nous serons ouverts à l’imprévu qui j’en suis sûr nous offrira bien mieux, bien plus vrai que ce que j’aurais pu écrire. Les personnages ne sont qu’esquissés dans le synopsis. Les personnes qui seront choisies pour les incarner à l’image le seront parce qu’elles correspondent à ce que je recherche et parce qu’elles connaissent et sauront intimement être ce qui intéresse mon film. Elles n’auront pas besoin de « composer ».                              
Je m’adresserai à un danseur un peu particulier pour habiter le personnage de Lahcène l’égaré. Je l’ai vu danser au théâtre national d’Alger en clôture d’un stage dirigé par Abou Lagraa, le chorégraphe algérien de la compagnie « la baraka ». Avant ce stage il n’avait jamais participé à de la danse contemporaine officielle. Je provoquerai la rencontre entre ce danseur et  la personne qui m’inspire le personnage de Lahcène. Je suis sûr que sans chercher à l’imiter, il saura habiter son propre corps de la douleur et de la frayeur du vrai Lahcène. À l’image, je lui demanderai d’être dans l’économie et la retenue souvent mais sans doute une seule fois en pleine nature, laissant libre cours à son inventivité brute et à cette énergie considérable que j’ai vue se dégager de lui, offrira -t-il une expression dansée fulgurante et sauvage du courage mêlé de désespoir qui peut habiter la jeunesse algérienne.                         
Une voix-off accompagnera le film ; elle sera à la première personne. Ce sera celle d’Omar ou celle de sa sœur. Ce ne sont pas des voix « psychologiques » qui expriment des états d’âme, ou une intelligence de la situation qu’elles accompagnent. Comme on l’a lu dans les exemples donnés dans le traitement, elles disent un moment du passé de ces frères et sœurs, une petite chose qui est restée en marge, en suspens dans leur mémoire. J’imagine les voix-off se poser souvent sur des images rapprochées d’Omar, son corps, son visage, avec un mouvement de caméra à peine sensible comme si on tournait autour lentement pour se glisser dans sa tête et parfois y lire un rêve. Les cadres rapprochés sur le visage de Omar seront rares, ils auront pour fonction de donner des respirations au film, des respirations actives pendant lesquelles le spectateur se fera son histoire en même temps que Omar se demande ce que peuvent bien vouloir dire ces choses qu’ils a vues, ces paroles qu’il a entendues ou ces rêves qu’il a fait. Inutile de chercher sur son visage des marqueurs : étonnement, désespoir, ou espoir. C’est l’importance que son corps occupe dans le cadre qui dira l’état dans lequel il est. Quand il est un point dans l’image, il est perdu.
Dans la séquence du port de Ghazaouet, quand Omar fera la rencontre de ce jeune homme qui vide son sac et dit dans sa logorrhée : «  mon pays, il est là… dans ma tête …», c’est l’emetteur qu’on verra essentiellement, le visage de cet homme qui occupera l’image et on ne reviendra qu’en fin de séquence sur Omar chez qui résonnent les mots de ce jeune homme désespéré et lucide.
Les archives choisies seront essentiellement celles du point de vue algérien, plutôt pause ou marche de combattants qu’images de bataille. Elles n’auront pas la fonction de documents objectifs. La guerre d’Algérie a fait plus d’un million de morts algériens, il y en a eu d’autres bien avant et la récente décennie sanglante a fait deux cent mille victimes. Sous les yeux de Omar, ce sera comme si pendant de petits moments ces morts revivaient devant lui pour qu’il s’imprègne d’eux pendant qu’il avance sur cette terre. Comme si pour l’adopter, cette terre algérienne avait besoin qu’il fasse sien tout ce qu’elle recouvre, ce qu’elle a « dans le ventre », tous ces enfants qu’elle a perdus, toutes ces habitations paysannes que la guerre a brûlées ou rendues désertes…
Je demanderai à l’Ina la possibilité de visionner leurs archives. Je demanderai aussi leur soutien. Leur accompagnement serait précieux tout comme il l’a été pour mon précédent long-métrage.
Il y aura aussi le son, bruit d’hélicoptère, d’avion ou rafales d’armes à feu et même parfois simplement un coup de fusil qu’on entendra dans la nature vierge sans qu’on sache si c’est un souvenir de la guerre d’Algérie passée ou le présent de l’armée algérienne qui traque des islamistes, ou encore un chasseur dans les taillis qui couvrent les collines.
Le son sera tout le temps du film un élément très important puisque Omar qui avance un peu de manière hypnotique est comme aveugle et comme l’aveugle il sera tout ouïe. C’est par exemple le son d’une mobylette qui passe au loin qui pourra faire affleurer tout frais le souvenir de la mobylette d’un grand frère qui emmenait Omar enfant au bord de la Moselle en France ou le bruit d’une tronçonneuse à métal qui rappellera les usines de France où Omar a travaillé. Le son ne sera pas systématiquement en prise directe avec ce que nous verrons à l’image et le sens d’une séquence naîtra souvent du frottement entre image, son et parfois voix-off, chacun de ces éléments ayant sa ligne propre comme des instruments sur une partition.
On entendra sans doute quelques musiques dans le film, ce seront celles que Omar porte en lui, musiques contemporaines d’inspiration très classique comme celle d’Arvo Pärt quand Omar est noyé dans la nature, mais aussi jazz - Art ensemble de Chicago ou Archie Shepp par exemple- quand il y a rencontre avec les harragas, tous ces jeunes gens qui veulent partir mais partir où ?
L’image sera bien plus importante que les paroles. Correspondances rythmiques, visuelles et sonores, tout ce travail que nous ferons au montage exprimeront l’hésitation d’Omar, le sentiment de perte puis plus tard la profonde joie des retrouvailles avec les siens.
Comme on l’a lu, Omar est toujours à pied. Une seule fois on le verra descendre d’une voiture. C’est un taxi jaune qui l’aura déposé devant la sorte de forteresse qu’est devenue la maison où il est né et où il rencontrera son vieil oncle et sa tante. Au montage, nous ferons en sorte que le passage de ces taxis jaunes sur ces routes qui tournent soit ressenti comme une menace. C’est bien une de ces mêmes voitures qu’Omar a vue alors qu’il quittait la ville portuaire au début du film. Elle transportait un cercueil et semblait habitée de fantômes. Ces voitures qui rodent, c’est comme si c’était lui qu’elles cherchaient, comme un prédateur, sa proie. Métaphore de cette peur qu’a sans doute Omar, peur de la rencontre des siens vers laquelle il avance, de ce qu’elle va provoquer en lui, peur d’y laisser sa peau et d’être lui aussi transporté comme un cadavre. Peur de passer « de l’autre côté » et de ne plus retrouver le chemin pour revenir à la vie qu’il a quittée en France. Nous ferons en sorte ma monteuse et moi que cela soit léger, que cela puisse effleurer l’esprit du spectateur sans plus. Mais ce dernier aura d’autres raisons d’imaginer que ce voyage est une traversée, un passage « au pays des morts ». En effet le cimetière familial est désert quand Omar y arrive la première fois. Quand il le retrouvera plus tard, il sera très peuplé, son père sera là, sa sœur aussi, figure tragique, habillée en noir, des cavaliers comme ceux de l’Emir Abd El Kader et cette musique qui provoque la transe. De quel côté sera-t-on ?
La narration emprunte au conte. C’est le pays et son Histoire qui viennent à Omar, qui se découvrent à lui. Omar est déplacé plus qu’il ne se déplace comme si ce voyage était un rêve qu’il fait ou plutôt qu’aurait fait naître en lui Amina, la petite fée du conte. Pour autant Amina ne sera pas un personnage hiératique. Elle sera très réelle, rira, jouera comme les enfants le font et pourtant c’est bien elle que nous découvrirons veillant sur le sommeil de Omar, faisant pour lui ce qu’il n’a pas fait, visiter la tombe de sa mère. C’est Amina qui lui mettra une tortue dans la main comme un animal qui apaise, comme pour dire avance sans crainte, tu es sur le bon chemin.  Amina pourra être perçue comme les yeux de la nature algérienne qui couvent ce fils qui revient, mais aussi comme les yeux de Fatima, cette sœur dont on ne saura si elle est vivante ou morte.
C’est une histoire de terre dont il s’agit. Les paysages où nous tournerons sont à deux pas de la mer. Mais nous cadrerons de manière à ce que le ciel bleu d’Algérie et la mer soient bord-cadre ou évacués autant que possible de celui-ci. La mer qui aura occupé tout l’écran au tout début du film, nous ne la reverrons qu’à la toute fin pour ce qui sera son épilogue. La nature algérienne s’est mise sur son « trente et un » pour la venue de son fils. Elle est rugueuse et belle, comme vierge : étendues d’herbes sauvages, rochers, arbres, fleurs, animaux, sous une lumière douce de printemps. Le spectateur sera libre d’imaginer que ce berger qui attrape un agneau pour le jucher sur ses épaules et le ramener au troupeau est peut-être Jason, le Jason en quête de la toison d’or.

THE FOREIGN SON note


Director’s Statement of Intent


The film will be shot in colour in 1:85 widescreen format on HDCAM. I would like to be accompanied in this adventure by cinematographer Claire Mathon, who photographed my previous film, Le Chemin Noir, whose technical know-how and artistic sensibility is matched by her humane qualities which are precious assets when shooting with non-professional actors.

Apart from the Oran harbour, all pictures will be shot in the M’Sirda region where I was born, in the top North-West corner of Algeria.

On screen, I’ll play Omar. The final cemetery where we’ll shoot is where my grand-parents and ancestors are buried. Omar’s sister will be my real sister, his father, mine too, and the other characters, except for one, will be genuine Algerian people.

While shooting The Foreign Son, I’ll be on the lookout for what is fragile, hoping to capture it, and to this end, we’ll be open to the unexpected which will surely offer us much better, much truer material than what I could write. Characters are merely sketched in the synopsis. People will be chosen to embody them onscreen because of how they match what I’m looking for and how they know and can intimately be what my film is involved in. They won’t need to “act out.”

To inhabit the character of the deranged Lahcene, I’ll approach a particular dancer I saw dance at the Algiers National Theatre at the end of a training session directed by Abu Lagraa, the Algerian choreographer of “la Baraka” company. Before that session, he had never taken part in any official contemporary dance. I’ll have this dancer meet the real person whom the Lahcène character is based on. I’m sure that without trying to imitate him, he’ll know how to endow his own body with the pain and fright of the original Lahcène. Before the camera, I’ll often ask him to act with economy and restraint. Once, however, releasing his raw creativity and fantastic energy in the heart of nature, he will display a wild, striking danced figuration of the courage mixed with despair that may inhabit theAlgerian youth.

A voice-over will thread along the film: it will be in the first person. It will either be Omar’s or his sister’s voice. They are not “psychological” voices expressing feelings or a perception of the situation onscreen. As presented in the examples of the treatment, they tell of a time in the past of the siblings, of a little detail remained on the side, suspended in their memory. I imagine these voices often speaking over close shots of Omar’s – his body, this face – with an almost imperceptible camera movement, as if we circled slowly around him to slip into his head and read an occasional dream. Close shots of Omar’s face will be rare, aiming to provide breathing spaces in the film during which the viewer will actively make up his own story while Omar wonders about all these things he saw, the words he heard or the dreams he dreamt. Nothing in his face will show his state of mind – surprise, despair or hope. It will be the size of this body within the frame that will tell the state he is in. For instance, when he is a dot in the picture, he is lost.

In the Ghazaouet harbour sequence, when Omar meets that young man who spills his guts and rambles: “my country, it’s here… in my head…,” we’ll mainly see the speaker, the face of that man will take up the whole image, and only at the end of the sequence will we cut to Omar in whom the words of that desperate and lucid young man still resound.

The archive footage will chiefly represent the Algerian point of view – fighters halting or walking rather than pictures of actual fighting. They will not be featured as objective documents. The Algerian war caused the death of over a million Algerians, and there were other conflicts before it. The recent bloody decade also made 200,000 victims. Under Omar’s eyes, it will be as though those dead came back to life momentarily so that he can be in touch with them while he is walking across that land. As if, in order to adopt him, the Algerian land needed that he made his own everything it covered, everything “in its guts”– all the children the land lost, all those peasant dwellings burnt or deserted by the war…

I will view the archives at the Institut National de l’Audiovisuel. I’ll ask them for their support and collaboration, which will be precious, as for my previous feature film.

There will also be sounds – the sound of helicopters, of planes, or bursts of gun fire, and even sometimes a lone gun shot that will be heard across the virginal landscape, without our knowing whether it is a memory of the past Algerian war or the present-day Algerian army tracking down Islamists, or else a hunter in the underbrush covering the hills.

Sound will constantly be a very important element in the film since Omar walks in a slightly hypnotic way, as if blind, and as a blind man, will be all ears. The sound of a motorcycle running in the distance will for instance bring up the fresh memory of an older brother’s motorcycle taking Omar as a child to the banks of the river Mosel, in France, or the sound of a metal chainsaw will remind him of French factories where Omar worked. Sound will not systematically correspond with what is on screen and the meaning of a sequence will often emerge from the friction between image, sound and sometimes the voice-over – each of these elements being like the particular line of an instrument on an orchestral score.

We’ll probably hear some pieces of film music, which will be those that Omar carries inside him: classic contemporary music such as Arvo Pärt’s when Omar is drowned in nature, but also jazz music – such as The Art Ensemble of Chicago or Archie Shepp – when he meets with harragas, those young people wanting to leave, but where to?

Image will be more important than word. Rhythmic, visual and sound correspondences – this work that will be done at the editing stage will express Omar’s hesitation, his sense of loss, and later the profound joy of reuniting with his kindred.

As we read earlier, Omar is always on foot. Only once will we see him get out of a car. It is a yellow taxi that drops his in front of the house turned into a bunker where he was born, and where he meets his old uncle and aunt. At editing, we’ll make sure that those yellow taxis driving along the winding roads are felt like a threat. It is one such vehicle that Omar has seen when he left the port city at the beginning of the film. It carried a coffin and seemed inhabited by ghosts. These cars roam around as if looking for him, like predators for their prey – probably a metaphor of that fear that never lets go of Omar, the fear of meeting his own people as he gets closer to them, the fear of what that meeting will cause in him, the fear of dying in the process and being also carried like a corpse – a fear of stepping “through the looking glass” and not finding the way back to the life he left behind in France. My editor and I will make it perceptible through slight touches, so that it only brushes on the viewer’s mind. However, the viewer will have other reasons to imagine that this journey is a crossing, a passage to “the land of the dead.” Indeed, upon Omar’s first visit, the family cemetery is deserted. When he comes back again later, it will be crowded: his father will be there, and his sister too, a tragic figure dressed in black, and horsemen as well, dressed as those of Emir Abdelkader, against entrancing background music. Which side of the mirror will we then be on?

The narration borrows from the fairytale. It is the country itself and its history that come to Omar and unveil to him. Omar is moved around more than he moves himself, as if that journey was a dream which Amina, the little fairy of tales, has inspired in him. However, Amina will not be a hieratic character. She will be very real, laughing, playing like children do, and yet, she will also be the one watching over Omar’s sleep, bringing him to do what he has not done – visit his mother’s grave. It is Amina who will put a tortoise in his hand like an appeasing animal, as if to say: “Go ahead without fear, you are on the right way.” Amina can also be viewed as the eyes of Algerian nature fondling this prodigal son returning to her, but also as the eyes of Fatima, the sister whom we’ll never know whether she is alive or dead.

It is a story of land. The landscapes where we’ll shoot are located right by the sea. But we’ll frame them in a way that places the Algerian blue sky and the sea on the edge or off screen altogether. The sea, which will take up the whole screen in the opening of the film, will only be seen again at the very end, in the epilogue. The Algerian nature has “dressed up” to greet her returning son. It is rugged and beautiful, virginal looking: spreads of wild grass, rocks, trees, flowers, animals, bathed in the soft spring light. The viewer will be free to imagine that the shepherd seen catching a lamb to sling it across his shoulders may be Jason, on his quest of the golden fleece.

THE FOREIGN SON Sélection à Dubai Film Connection

Le Fils Etranger ( sous le titre The Foreign Son) fait partie des quinze projets sélectionnés à la Dubai Film Connection qui aura lieu du 9 au 16 décembre 2012 à Dubai durant l'international film festival.






THE FOREIGN SON extended Synopsis and photos



Extended Synopsis

We are in Algeria. Over the image of a deserted cemetery, we hear a woman's voice, soft and trembling. She recalls a painful childhood event in France, an event like a nightmare, which her brother Omar freed her from at the time. No sooner has she named him that the sea cornes into view, with the tiny shape of a ferry in the distance. On deck is a man, Omar. He looks at the horizon and seems to hear her voice. His sister "called" him, he is coming, and she knows that he'll free her again.
Omar, in his fifties, sets foot again on Algerian soil after a very long absence. In the Oran harbour, where everything seems familiar yet foreign, a young girl cornes up to him. She has recognized Omar. He hardly has time to catch sight of her that she has vanished.
Out oftown, a path seems set for him, and it is windy. Omar walks on foot and without luggage. He loses himself between reality and myth in Algerian landscapes that bring back no memories. His approach sets off clouds ofbrisk coloured insects as big as birds. Even animals watch him coming. But in the bright and lush wildemess, which seems virginal, the past of the country lies heavily. The Algerian land greets her son and breathes dreams into him. Like a woman, a mother, she unveils herself to him:
"Look at these children l raised and fed, look at these trees, these fields, these hills which saw you born, look at these dead that l carry. There are many young men among them. You had disappeared and l dreamt of your dressed as a partisan like them. Look at this barbed wire the army spread over the land of your ancestors, forcing them into exile. Look at this child driven mad by the explosion of an antipersonnel mine. Look at these peaceful animaIs and go towards the encounters that l offer you ... "
This strange joumey will lead Omar to a paradoxical meeting with a country he hardly knows and to intimate reunions.
As if stepping out of a tale, Amina, the young girl from the harbour, reappears here and there, superimposed as an image over the red earth. She is his guide and his protection. Times mingle. Omar gets lost, lets go, finds the trace of Emir Abdelkader's horsemen, and of General Lyautey; he walks through hills where Algerian fighters died during the war of Independence. On the docks of a harbour, he is mistaken for an emigrant trying to stowaway aboard a cargo ship to escape Algeria at ail cost.
His sister's voice accompanies him, dropping words along the way that tell the homesickness of the country she lost - France. Omar walks the land of his birth as if in a waking dream. He is told about a country emptied of its men, of ail those who were eaten by France. Omar will have to let himself be carried away, be un-spelled from that curse that ail exiles hold within them. Seeing him at a loss, an old wise man will take him un der his protection in a zawiya, and the spirit of a marabout will free him from that illness which the sheik calls "father-sickness." It is only after many twists and tums that Omar genuinely discovers his connection with fellow humans and the warmth of his own. He finds his sister again, his father, and an uncle and cousins. Ali will be reunited in the little Sidi Amar cemetery next to Wadi Kiss - the same that we saw at the beginning of the film, but now crowded with myriads of children, men, women, horses, musicians, and filled with food to celebrate the union of the dead and the living.
His horse loaded and shackled aboard the back of a pickup truck, a patriarch leaves for exile. He gazes one last time at the hills, the fields, and sees two children as if out of a folktale, chanting a poem, an ode to earth: We have been kneaded together and we separated ...

An unexpected retum of history will complete the meaning of  that joumey.




Le fils etranger synopsis court et intention



                                                                 Note d’intention.


« Tous les chemins sont circulaires et le parcours entrepris ne conduit jamais qu’à soi-même. »
Ibn Arabi 

                J’aimerais être français originaire d’un pays comme un autre, mais en France, l’Algérie n’est pas un pays comme un autre. J’y suis né, dans la même maison que mon père et mon grand-père, quelques bâtisses en torchis situées au pied d’une colline que domine un ancien fortin militaire. De ce poste, l’armée française surveillait le moindre mouvement aux abords de l’oued Kiss en contrebas qui fait frontière avec le Maroc. J’y suis né du temps où l’Algérie c’était la France. Mes parents y sont retournés définitivement il y a bien longtemps. Leurs corps sont là-bas, à l’étranger, et je reste avec l’idée qu’il y a quelque chose à recoudre, qu’il y a unehistoire d’ici- là-bas à raconter, non pas pour faire quelque leçon que ce soit mais pour éclairer. Le cinéma est une affaire de lumière.
Aujourd’hui la France semble être entrée dans une phase d’amnésie et de déni qui lui interdit de penser les conséquences de la perte de sa grandeur impériale. Nous, français d’origine algérienne,  sommes les enfantsd’un Empire longtemps magnifié par la France. Nous sommes, comme l’a écrit Gramsci, le produit d’un processus historique qui a laissé en nous une infinité de traces reçues sans bénéfice d’inventaire. Le Chemin Noir, mon premier long-métrage, relevait déjà de cet inventaire.
En puisant à nouveau pour Le fils étranger  au plus profond de ce qui me fait algérien et français, je creuse le même sillon tracé par mon film précédent, une voie cinématographique en bordure du champ politique. Jevoudrais qu’à nouveau, le cinéma s’empare d’éléments de l’Histoire, qu’il les mêle au réel et à la fiction pour raconter une histoire qui nous parle aujourd’hui. Pour un exilé volontaire ou forcé, le voyage au pays de naissance n'est pas un déplacement des plus simples, ce n'est pas du tourisme; il lui faut s'arracher pour traverser. J'ai des amis marocains, grecs, turcs, portugais, syriens, et autres... pour qui c'est de même. L’Algérie dans Le fils étranger  sera hantée par la France. Ce sera d’une certaine manière un autre côté du miroir, comme un écho de la France que l’Algérie hantait dans mon premier long-métrage; je parcourais alors des territoires familiers, les lieux de mon enfance dans les vallées sidérurgiques de Moselle.
Le film qui s’écrit aujourd’hui laissera davantage place à l’inconnu, à la découverte avec ce que cela peut avoir de déroutant, mais aussi de bouleversant. Il conjuguera la réalité algérienne d’aujourd’hui avec un dialogue intérieur avec le passé et aussi avec des irruptions de l’Histoire algérienne que révèleront des images d'archives. Les réminiscences intimes se télescoperont avec le réel qui s'offre. La quête du fils étranger fera surgir des questions, celles qui m'habitent maintenant que j'ai de grands enfants et que je sais qu'ils n'ont presque pas connu leurs grands parents algériens et si peu l'Algérie. Pendant des années, je n'ai fait que reporter et reporter encore, avec les meilleures raisons, on en trouve toujours,le moment de faire une visite au pays natal, à ma mère, mon père, aux frères et sœurs de là-bas. Pourquoi? Je ne saurais le dire.
En 1987, je suis retourné visiter mes parents en Algérie après une parenthèse de quinze ans sans les voir. Ils n'étaient pas prévenus de ce voyage. Mokhtar, l’un de mes frères d'Algérie m'a prêté sa voiture pour aller d'Oran jusque chez eux. Quand ma mère a vu la 204 Peugeot s'arrêter devant sa maison, elle a pensé que c'était son fils Mokhtar qui venait chez elle, puis me voyant, elle ne m'a pas reconnu et avant de dire mon prénom       - quinze années d'absence, c'est long! - elle a dit l'un après l'autre les prénoms de mes trois autres frères. Et quand elle a dit le mien, il s'est passé entre elle et moi ce que seul le cinéma peut rendre : cette seconde qui dure et dure et dure ... une éternité. Et pourtant, j'étais attendu puisque mes sœurs et ma mère m'ont révélé que la veille de ce jour, une jeune fille était venue demander de mes nouvelles. Alors que j'étais en pleine mer Méditerranée, quelqu'un que je ne connaissais pas savait que j'arrivais. Cette jeune fille, on la nomme « l'orpheline » dans la région de M'Sirda. Personne ne sait vraiment d'où elle vient. On lui donne à manger quand elle frappe à la porte, on écoute le peu qu’elle dit et on ne sait où elle est partie quand soudain elle disparaît. On dit aussi
qu'on la reconnaît à sa main droite qui a six doigts. Mon court séjour d’alors en Algérie s’est déroulé entièrement sous le signe du merveilleux, à fleur de peau. J’étais dans la lumière de l’île de naissance où on dit « Que Dieu garde ton ombre. »
Que sais-je du pays où je suis né ? Que sait du pays de ses parents un Algérien de France ? Franco-Algériens mais aussi Algériens d’Algérie, nous sommes tous comme perdus dans un labyrinthe. Qu’est-ce qu’être Algérien ? D’où venons-nous ? L’histoire de l’Algérie a été masquée, faussée, piétinée par la colonisation. Elle a ensuite été expurgée par le Pouvoir en Algérie algérienne et mise sous un gros caillou. Comme Thésée qui devait soulever la roche sous laquelle se trouvaient sandales en or et glaive qui lui permettraient de se faire reconnaître, nous devons remettre en lumière notre héritage pour pouvoir nous envisager un avenir. Ce que nous savons est un grand tissu plein de trous. C’est ce voile déchiré que Le fils étranger voudrait recoudre, ces grands pans de vide, ces trous de mémoire entre France et Algérie que le film veut visiter. J’ai retrouvé des photos d’un campement de soldats de Lyautey, à deux pas de là où je suis né. Parmi cette population que le futur Maréchal a rassemblée et à qui il s’est adressé en 1902, il y avait mes aïeux. Peut-être est-ce eux, habillés comme les cavaliers de l’Emir Abdelkader qui à cheval longent l’oued Kiss sur une autre photo prise à l’aube du XXème siècle.  
Bien autre chose qu’un film de scénario,  Le fils étranger  est un film de sensations, il mêle de l’intime, du social, de l’historique, du poétique de façon impressionniste. Il imbriquera réel, archives et onirique dans un même fil narratif.     Les mots seront rares et le rythme calme.
Le fil conducteur est un personnage de fiction, Omar, c’est lui le voyageur sans bagages. À suivre son parcours erratique, le spectateur pourrait être aussi perdu que le personnage, mais la voix-off d’Omar en contrepoint de celle de sa sœur Fatima dira des réminiscences, de petites choses implicites qui seront autant de clés de compréhension de l’histoire familiale de cet homme, de ce que peut-être il trouvera en Algérie. On apprendra que Omar n’est pas revenu au pays natal depuis deux décennies, qu’il doute même de savoir parler encore l’arabe algérien, qu’il a reçu la nouvelle de la mort de sa mère par le téléphone en France et que cela ne l’a malgré tout pas décidé à faire le pas, à briser ce mur invisible qui le sépare de l’Algérie. Omar ne sait si son père le reconnaîtra, pas plus qu’il ne sait s’il le reconnaîtra lui-même. Il se souvient de ce que lui avait dit le vieil homme de passage en France, il y a bien longtemps : « A te voir dans la rue, les gens pourraient penser que tu es trop Français pour être mon fils. Mais ta mère et moi savons que tu n’es pas un gaouri . Tu es un Arabe bien sûr… Tu es notre fils... et pourtant ... ».  C’est sans doute ce « et pourtant » comme un « tu es mais tu n’es pas » qui occupe l’esprit de Omar alors qu’il chemine à la recherche de … Mais que cherche-t-il ?  La maison natale bien sûr, tout semble y mener. Mais est-ce vraiment cela ? Est-ce son père ou sa sœur qu’Omar vient voir en chair et en os ?
Cet étrange voyage, ne serait-ce pas la seule manière pour lui de regagner sa part algérienne, de redevenir un « enfant du pays »? Le film sera concret, même si parfois le spectateur verra des choses qui pourraient s’apparenter à des « apparitions ». Nous nous serons simplement comme glissés dans la tête de Omar, cet homme dont nous suivons
le cheminement, pour deviner ce que son visage ne peut exprimer, ce trouble que provoque en lui l’acte de marcher sur la terre où il est né, de baigner dans la langue que tout petit, on lui a glissé à l’oreille. Fatima, sa sœur l’aura fait revenir en Algérie comme par enchantement et Amina, une jeune fille providentielle  qui semble sortie d’un conte, sera là pour le guider et parfois l’accompagner dans son avancée. Elle est comme les yeux  de Fatima, cette sœur qu’on ne verra qu’à la toute fin du film. Mais cette sœur est-elle vivante ?
L’Algérie est le personnage principal du «Fils étranger». Malgré la longue histoire qui la lie à la France, elle reste dans l’imaginaire du spectateur français un territoire obscur avec de-ci de-là en filigrane, un chameau, la silhouette d’un berbère, un homme bleu, une rose des sables, un islamiste égorgeur… Alors qu’on pense ne plus pouvoir trouver de terra incognita, cet espace algérien qui devrait être facilement appréhendable devient de plus en plus une zone d’ombre pour notre compréhension.
L’Algérie est un lieu de conte. L’espace y est « habité ». La magicienne Circé était dans ces paysages, Hérodote les a décrits, Ulysse y a marché, le géant Atlas y est devenu montagne. Pour Omar, c’est vertigineux d’être là. Il n’a que quelques bribes de souvenirs d’enfance. Il est sur une terre qui n'a existé jusqu'alors que dans sa tête, un territoire que l'absence et la distance ont mythifié et rendu un peu effrayant. Il lui faudra faire concorder pays imaginaire et pays réel pour pouvoir embrasser langue, couleurs, rythme, rituels, toutes ces choses qu’il connaît par cœur sans les connaître du tout, ces vieilles choses de bien avant lui qui le traversent.
En déroulant cette histoire dont l’enjeu est la question du « territoire », je cherche à embrasser avec tous les moyens du cinéma et avec le plus de sensibilité possible la complexité des liens entre France et Algérie. Et pour cela, c’est une forme singulière ni vraiment documentaire, ni vraiment fiction qu’il m’intéresse de trouver.
Dans le synopsis qui suit et qui ne peut qu’être approximatif, j’espère que les mots ne rendront pas trop lisses les surfaces troubles que je veux explorer et qu’ils ne limiteront pas le sens à ce qu’ils disent.                         À tout instant je suis dominé par la pensée qu’il y a là, dans Le fils étranger bien plus qu’une aventure personnelle. Et si j’ai le désir de cette immersion dans le pays où je suis né, c’est moins pour traiter un sujet que pour tenter de saisir ce que la recherche de l’étranger en soi peut nous révéler de nous-mêmes.

                                                                              





                                        


                                           Le Fils Etranger raconté en quelques mots.

Nous sommes en Algérie. Sur l’image d’un cimetière désert, on entend une voix de femme, douce, tremblante. Elle évoque un moment douloureux de son enfance en France, un moment qui ressemble à un cauchemar dont l’a libéré autrefois Omar, son frère. À peine a-t-elle nommé celui-ci qu’on voit la mer sur laquelle pointe la silhouette d’un ferry. Sur le ponton un homme, c’est Omar. Il regarde l’horizon et semble entendre la voix. Sa sœur l’a “appelé”, il arrive, elle sait qu’il va la libérer. Omar, la cinquantaine, va remettre le pied sur le sol algérien après une très longue absence.                              
Dans le port d’Oran où tout lui semble étrange et pourtant si familier, une jeune fille se présente à lui, elle le reconnaît. Il a à peine le temps de la voir qu’elle a disparu.
Hors la ville, un chemin semble tracé pour lui, il s’avèrera tortueux. Omar avance à pied et sans aucun bagage, il va se perdre entre vrai et merveilleux dans les paysages algériens dont il n’a aucun souvenir, il débusquera des nuées d’insectes colorés vifs et grands comme des oiseaux. Même les animaux seront là à guetter son passage. Mais dans cette nature qui est verdoyante, lumineuse et qui semble vierge, le passé du pays est là, qui pèse.
La terre algérienne accueille son fils et produit chez lui des rêves. Comme une femme, une mère, elle se dévoile à lui : « regarde ces enfants que j’ai élevés et nourris, ces arbres, ces champs ces collines qui t’ont vu naître, regarde ces morts que je porte. Il y a parmi eux  beaucoup de jeunes gens. Tu avais disparu et je t’ai rêvé mort en habit de maquisard comme eux. Regarde ces barbelés dont l’armée a recouvert les terres de tes aïeux et les a forcés à l’exil. Regarde cet enfant à qui l’explosion d’une mine anti personnelle a fait perdre l’esprit. Regarde ces animaux paisibles et va vers ces rencontres que je t’offre…»
Comme sortie d’un conte, Amina, la jeune fille du port, lui réapparaîtra posée ici et là comme une image sur la terre rouge. Elle est son guide et sa protection. Les temps se mêleront. Omar se perdra, s’abandonnera, il retrouvera la trace des cavaliers de l'Emir Abdelkader, de Lyautey aussi ; il marchera sur les collines où sont morts des combattants algériens de la guerre d’indépendance, il sera pris dans un port pour un clandestin qui veut s'embarquer dans la soute d'un de ces cargos face à lui pour fuir l'Algérie à tout prix.
La voix de la sœur l’accompagnera en égrenant de-ci de-là les mots qui disent la douleur d'un pays perdu pour elle, la France. Omar arpentera sa terre de naissance comme dans un rêve éveillé. On lui parlera du pays vidé de ses hommes, de tous ceux que la France a mangés. Omar devra se laisser porter, se laisser désenvoûter de cette malédiction que tous les exilés portent en eux. Un vieux sage voyant le désarroi dans lequel il est, le prendra sous sa protection dans une zaouia, et c’est l’esprit d’un marabout qui lui enlèvera ce mal que le cheikh nomme le mal de père. Ce n’est qu’après tours et détours qu’Omar trouvera véritablement le contact avec les humains et la chaleur des siens. Il retrouvera sa sœur, son père et aussi un oncle et des cousins. Tous seront réunis dans le petit cimetière de Sidi Amar au bord de l’oued Kiss - le même que nous avons vu au début du film, mais il y aura foule, une nuée d’enfants, d’hommes, de femmes, de chevaux, de la nourriture et des musiciens pour une célébration de l’union des morts et des vivants. Mais Omar de quel côté est-il ?
Son cheval chargé et entravé sur le plateau d’une camionnette, un patriarche partira comme pour l’exil, il regardera une dernière fois les collines, les champs et y verra deux enfants comme sortis d’un conte et qui déclament un poème, une ode à la terre : nous avons été pétris ensemble et nous nous sommes séparés…
Un retour inattendu de l’Histoire finira de donner un sens à cette traversée. 

il court il court Le Chemin Noir.

Le Chemin noir est toujours en salles, il a été projeté le 26 Novembre au TAP Cinéma à poitiers.
Il a fait un passage ensuite en cinéma nomade dans le parc du Livradois Forez à Billom, Vic le Comte, Saulxillanges et Cunlhat fin novembre et début décembre 2012.

La version sous titrée en anglais ( the Dark Path) est sur le site de Festival scope: https://www.festivalscope.com/film/the-dark-path

 et sera présentée au FILMMART du  Dubai International Film Festival: http://www.dubaifilmfest.com/en/industry/

Le 25 janvier 2013 Le Chemin noir sera projeté au festival du film arabe de Cherbourg, projection suivie d'une rencontre.
La première semaine de fevrier 2013, projection et rencontre avec les étudiants du Grinnell Collège à Grinnell dans l'état de l'Iowa aux Etats Unis.

THE FOREIGN SON , Director's Note and photos




 
The foreign Son, Director's note

1 would like to be a Frenchman born abroad, in a country like any other, but in France Algeria is not a country like any other. 1 was born there, in the same house as my father and grand-father - a cluster of clay dwellings at the foot of a hill overlooked by a military fort at its top. From that position, the French army could watch the slightest motion around wadi Kiss, which marked the border with Morocco. 1 was born there in the times when Algeria was France. My parents returned permanently a long time ago. Their bodies are there, "abroad", and 1 am left with the idea that there is something to be mended, that there is a "here-over there" story to be told, not to give any lesson but to enlighten. Film is ail about light.
Today, France is going through a phase of amnesia and denial which prevents it from facing the consequences of losing its imperial grandeur. We, "French of Algerian stock" are the sons of an Empire long chanted by France. We are, as Gramsci wrote, the outcome of a historical process which left a myriad of unaccounted for marks on us. My first feature film, The Black Path ( Le Chemin noir), was already an effort at accounting for those marks.
With The Foreign Son (Le Fils Etranger), 1 will probe again the depths of what makes me Algerian and French, plough the same path as in my earlier film - along a cinematographic way at the edge of the political field. 1 would like to have the cinema take hold of historical facts, and mix them with documentary reality and elements of fiction in order to tell a story which speaks to us today.
Travelling to one's native country is not the easiest of trips; it is not tourism, you have to tear yourself from home to cross over. Many friends of mine - Moroccan, Greek, Turkish, Portuguese, Syrian, etc. - feel likewise. This is why Algeria, in The Foreign Son, will be haunted by France, being in a way the other side of the looking-glass, like an echo of how France was haunted by Algeria in my first feature. 1 was then travelling around familiar territories, the places of my childhood in the steel valleys of Lorraine. The film now in the making will leave more space for the unknown, for discovery, with the bewilderment but also the overwhelming emotion that it entails. It will associate today's Aigerian reality to an inner dialogue with the past as weil as irruptions of Algerian history as revealed by archive footage. Intimate reminiscences will coll ide with reality as it happens. The quest of The Foreign Son will bring up some questions, those which haunt me now that my children are grown up and 1 realize that they have almost never known their Aigerian grandparents and seen so little of Algeria itself.
For years, 1 kept putting off the time of visiting my native country, my mother, my father, my brothers and sisters over there. Of course with the best reasons, because can you always find some. Why? 1 couldn't say. In 1987, 1 retumed to visit my parents in Algeria after a 15-year lapse of time without seeing them. They weren't advised of my joumey. Mokhtar, one of my brothers in Algeria lent me his car to drive from Oran to their place. When my mother saw the Peugeot 204 stop in front of the house, she thought it was her son Mokhtar coming to visit. When 1 got out of the car, she didn't recognize me and before uttering my first name - fifteen years of absence is a long time! - she said the names of my four other brothers. Then, when she uttered my name, something happened between her and me which only the cinema can express: that second lasting for ever and ever. .. for an etemity.
1 was expected, though, because my sisters and my mother revealed to me that the day before, a young girl had come to ask about me. While 1 was in the middle of the Mediterranean sea, someone 1 didn't know knew that 1 was arriving. This young girl is called "the orphan" in the M' Sirda area. Nobody really know where she cornes from; she is given food when she knocks on doors, people listen to the little she says and when she suddenly vanishes, no-one knows where she goes. They also say that you can recognize her to her right hand, which has six fingers. My short stay in Algeria at the time unfolded entirely under the sign of the marvellous, in a hypersensitive state. 1 was in the light of the native island where you say: "May God watch over your shadow."

What do 1 know of Algeria? What does an Algerian from France know of his parents? French-Algerian, but also Algerians from Algeria, we ail seem lost in a maze. But what is being Algerian? Where do we come from? Our history has been trampled, lacerated. Then it has been expurgated by authorities in Algerian Algeria and slipped under a big rock. Like Theseus, who had to lift the rock under which were the gold sandals and sword which allowed him to be recognized, we must bring our legacy to light in order to be able to think a future for ourselves.
What we know is a large fabric full of holes. It is this tom veil which The Foreign Son would like to mend, these great empty spaces, these memory holes between France and Algeria, that the film wants to visit.
1 found some photos of a camp of Military Govemor Lyautey's soldiers, located at a stone's throw from where 1 was bom. Among this population whom the future Marshal gathered and addressed in 1902, there may have been sorne of my ancestors. It may be them as weil, on another photo taken at the tum of the 20th century, dressed like the horsemen of Emir Abdelkader, who are filing along the banks of Wadi Kiss. Unlike a scripted movie, The Foreign Son is a movie of sensations; it mixes the intimate, the social, the historical and the poetic in an impressionistic way. It will clinch together the real, archives and the phantasmagorical along a single narrative line. Words will be rare and the rhythm peaceful. The film will be in colour.
The thread of the film follows a fiction character, Omar, who is the foreign son, the traveller without luggage. Along his erratic joumey, Omar's voice over comments, in counterpoint to his sister's Fatima, bring out reminiscences and unvoiced details which will be as many keys to understanding the family history of this son, of what he may find in Algeria. 1 will play the part of Omar, and my physical appearance explains that 1 can be viewed as a "foreigner" in Algeria; if s what a character in my previous film, The Black Path, pointed to: "If l had met you in another place, l would have mistaken you for a European ", and he added: "Have you lost your Algeria or what?".
 With the Foreign Son, 1 hope to go towards what 1 may have lost, but also what 1 may have gained.
To this end, 1 am interested in finding another way of telling through pictures, sounds and editing - in finding a singular form, neither totally fiction nor documentary. 1 chose not to dress Omar, "the go-between," in the trappings of a classic narrative character, not to tum him into a construction - with a detailed past, social ties and clear motives - because, just like the character I played in The Black Path, 1 find it necessary to reveal of him just what is necessary to this Algerian enquiry, since the main protagonist of the film is Algeria itself. Omar wanders through Algeria as through in a waking dream. He is a sensitive analyst steeped in opaque circumstances. Just like the eye of the camera, he captures, immersed like a scuba diver in Algerian history and present times. His inner feelings are not relevant, they will not matter much until the time when, suddenly, Omar finds himself in his own world, in his miraculously recovered family. Until then, he will be on screen the first viewer of what happens under his own eyes, and the film viewer will be able to project his own experience and views into him.
This character whom the film viewer will move around, follow and question will embody what we are trying to grasp. And my wish is that, through him, the viewer will take hold of everything else.
We'll leam that Omar has not come back to his native country in two decades; that he even doubts he can still speak Algerian Arabic; that he received the news of his mother's death by phone in France, and even that could not bring him to extend himself, to break the invisible wall separating him from Algeria. Omar has no idea whether his father will recognize him, no idea whether he will even recognize himself. He remembers what the old man had told him upon a visit to France, a long time ago:
"Seeing you like that in the street, people might think that you are tao French ta be my son. But your mother and me know that you 're not a gaouri. you 're an Arab, of course ... You 're our son ... and yet ... "
It is probably this "and yet," like a "you are but you are not," which sits on Omar' s mind while he travels in search of - but what is he searching for exactly? For his native hou se, of course, everything seems to lead to it. But is that really it? Is it his tlesh-and-blood father that Omar has come to see?
When Omar eats, it is with calm and poised gestures; when he takes water in his palm to drink it, when he bares a foot to refresh it in the water of a wadi, it will each time be simple, primal, like a ritual. And if sometimes the viewer sees things that he could liken to apparitions, it will be a sign that we slipped into Omar's mind, in order to guess what his face does not register, the disturbance of walking on the land where he was bom and dipping into the language whispered into his ear as a child. His sister Fatima is the one who evoked him to Algeria, as if by magic. But in order to find her, Omar will have to lose himself, to let himself go and be carried, let himself be released of the curse which ail exiles carry within them. Amina, the young girl who seems to come "out of a fairytale," will be there to accompany him in his joumey. She will be like Fatima' s "eyes" until we meet the sister herself, only at the very end of the film. But is this sister alive herself?
Algeria is a place of tales. Its space is "haunted." Magician Circe lived in one of these landscapes, Herodotus described them, Ulysses walked through them, and Giant Atlas tumed into a mountain there. It is a land of signs, and visual choices will be paramount. The image will be more important than words. Rhythmic, visual and sound correspondences - ail that work which will be done in editing - will express Omar's hesitation, the sense of loss then, later, the deep joy of reuniting with his relatives.
For Omar, it is dizzying to be there. He has almost no memory. He is on a land which, until then, only existed in his head, a territory that absence and distance tumed mythical and a little scary. He will have to match up the imaginary and real countries in order to embrace the language, colours, rhythms, rituals, and ail those things he is familiar with without knowing them at ail, those old things of weil before him which inhabit him. It is only after twists and tums that he will truly get in touch with his fellow humans and the warmth of his kin. All of them will be gathered in the little cemetery of Sidi Amar, on the bank of Wadi Kiss, for a celebration of the reunion of the dead and the living.
Could it be that this strange joumey is the only way for Omar to regain his Algerian side, to become a "native son" again?

In unfolding this story, whose stake is the very issue of "territory," 1 am trying to embrace the complexity of the ties between France and Algeria with ail the means of filmmaking, and as much sensibility as is possible. The screenwriting still requires much looking for locations and meetings as weil as searching for archive footage which will infuse sorne past into the present.
At ail times 1 am animated by the thought that there much more in The Foreign Son than a private adventure. And if 1 feel impelled by this immersion into the land where 1 was bom, it is less to treat a subject than to try and capture what the search for the "foreign" inside us can reveal of ourselves.






lundi 3 décembre 2012

DOHA FILM INSTITUTE


DFI – FILM GRANTS & FINANCING

THE FOREIGN SON
Screenplay by ABDALLAH BADIS


This project had a categorical appeal among the commission members in its first presentation. Now in the finalized orientation and visual aims, it is still a very notable and original project. The story is credible, the fictive elements quite resonating and the narrative scope engendering many significant details that add up to the viewer, whether Algerian or global in references and walks of life.

It is quite notable how the Algerian reality, monstrous that it is in terms of contemporary history, would be fined through the interplay of present and past and reconcile the Algerians in particular to their sense of Algerian identity, to own it, to embrace Algeria in this documented form, through the plight of a protagonist, by resolve, more than self-indulgence. Furthermore, the global viewer would find in this display, the deliberation of Providence into the individual blueprint and would take from it charge and echo into their personal life.

Structurally, it satisfies the engaging necessity of a feature and it progresses thematically and visually in such an overwhelming way. This is obviously again the work of a very delicate and mastering filmmaker. The project promises to be visually and thematically admirable adding to its credence that arises from a state of suffering and projected into flourish, though not bombast, intimately significant and blossoming.

Courage to the filmmaker to finalize this film. To wait for.


Sincerely,
DFI Reading Committee
Nov 16, 2012

dimanche 2 décembre 2012

LE FILS ETRANGER


Mon prochain long métrage "Le fils étranger" coproduit par Cactusco Films a obtenu la Contribution Financière du Centre National de la Cinématographie et de l'Image Animée ainsi qu'une bourse d'écriture et de développement du Doha Film Institute
J'ai été invité au Doha Projects en tant que grantee (lauréat) du 16 au 21 Novembre  pour poursuivre la recherche de financements. J'ai pu présenter mon projet aux financeurs et collaborateurs potentiels, chaines de TV, Fonds d'aide au cinéma... etc, invités par le DFI lors du 4éme Doha Tribeca Film Festival .
ça avance
et j'espère pouvoir tourner en algérie dès le printemps prochain.


 résumé du fils etranger:
« Appelé » par l’Algérie où il est né et dont il n’a que des souvenirs d’enfant, Omar la cinquantaine, y revient après une longue absence. Un chemin semble tracé pour lui, il est tortueux. Une enfant providentielle va le guider. Dans cette nature qui semble vierge, le passé de cette terre est là, qui pèse. Entre réel et merveilleux, il va affleurer à travers des images d’archives. Cet étrange voyage va mener Omar à la rencontre paradoxale d’un pays qu’il connaît à peine et à des retrouvailles intimes avec une famille lointaine.
Answering the “call” of his native Algeria, of which he only retains childhood memories, 50-year-old Omar returns there after many years. There seems to be a path unfolding just for him, and it is tortuous. A providential child will guide him. The apparently pristine wilderness is heavy with the past of the land. Along a fine line between reality and fantasy, this past will surface through archive footage. The uncanny trip will lead Omar to paradoxically connect with a land he hardly knows, and allow his intimate reunion with an estranged family.