L'auteur, comme en vacances, remonte le fil des souvenirs : cette usine de Lorraine, aujourd'hui abandonnée, où travaillait son père ; les lieux où il se promenait, ado ; et aussi le fantôme de son grand frère, clandestin dans les années 1960, « un FLN de France », comme on disait... Autour d'une vieille guimbarde à réparer, il croise d'autres Algériens, certains fidèles au bled et d'autres moins...
Abdallah Badis cadre avec soin, ses images sont belles : il semble vouloir sauvegarder à toute force, avant que le temps ne fasse son oeuvre, les traces de ses compatriotes exilés depuis si longtemps. Parfois, son documentaire vire à la fiction comme lorsque l'un de ses interlocuteurs lui raconte sa vie en France, entre Zola et Kafka. Mineur, d'abord — « pas longtemps, douze ans », dit-il —, puis marbrier, puis fossoyeur, « ramassant les os humains à mains nues »... L'extraordinaire musique d'Archie Shepp pare ces témoignages de mélancolie. Et de violence feutrée. —
Pierre Murat. télérama
mercredi 9 mai 2012
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